Dulle Griet, Brueghel l’Ancien

Dans un paysage de ruines et de feu, un panier de victuailles accroché au coude, une femme en armure, l’épée à la main, se précipite, hagarde et déterminée, vers la gueule des Enfers. Elle s’appelle Griet, c’est-à-dire Margot ou Marguerite. On la surnomme « la folle » ou « l’enragée ». Derrière elle, d’autres femmes luttent contre des démons, naviguant entre des monstres inspirés des créations de Jérôme Bosch.

Comme Pieter Brueghel l’Ancien, l’auteur de cette peinture, a omis d’en livrer les clefs, l’oeuvre a donné lieu à plusieurs interprétations. Margot la folle essaie-t-elle de fuir le désastre ? Ou, après avoir ravagé la ville, s’en va-t-elle conquérir les enfers pour les mettre au pillage ? Certains commentateurs expliquent le choix du motif par le contexte politique (la crainte d’une guerre civile ou religieuse en Flandres), d’autres en font une simple allégorie de l’avidité rendant l’homme capable de se jeter dans n’importe quel brasier pour assouvir sa soif de richesse ou de puissance. Dans le folklore flamand, Dulle Griet (diminutif de Marguerite) est une jeune fille qui s’enfuit le jour de son mariage, sous des habits d’homme, pour échapper au devoir conjugal. Elle devient abbé dans un monastère. Accusée d’avoir mis enceinte une nonne d’un couvent voisin, Griet est bannie de la communauté, mais conserve son secret jusqu’à sa mort. Dans cette version populaire, Dulle Griet devient la protectrice des femmes enceintes, mais elle est également considérée comme une mégère.

Dulle Griet est une huile sur bois, peinte vers 1562. Elle est à l’heure actuelle à Anvers, au Musée Mayer van den Bergh.


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